Article sur le slam, à Reims, paru dans l’Instant Rémois le 6/6/21. Article : Peggy, photos : Mathilde Giron.
Le slam, tribune d’expression
« Forme de poésie déclamée sur fond musical, ou non, le slam allie écriture, oralité et expression scénique. Le slam est avant tout un mode ouvert d’expression artistique que chacun s’approprie.
Issu du rap, Gaël Faye s’essaye au slam en 2004, aux côtés notamment de Grand Corps Malade et Abdel Malik. « A l’époque c’était très confidentiel, on se retrouvait sur les scènes de cafés parisiens et n’importe qui dans le public pouvait devenir l’artiste de la soirée avec la seule puissance d’un texte livré sans prérequis ni limite. Venant du rap, l’exercice pour moi consistait à captiver l’auditoire sans musique, en vivant aussi les silences.
Grâce à son approche poétique, le slam est passé là où le rap ne pouvait pas aller. Il est l’enfant sage du rap et une forme de culture populaire de la déclamation donnant la possibilité à chacun de s’exprimer librement. Je ne le considère pas comme une pratique mais comme un véritable espace de paroles et de liberté de paroles. La scène slam est un lieu de bienveillance et d’écoute, sans compétition mais toujours dans l’émulation. »
L’actu de :
Gaël Faye
Auteur-compositeur et écrivain franco-rwandais, Gaël Faye est l’auteur de Petit Pays, un premier roman traduit dans une quarantaine de langues et adapté au cinéma. Dans le livre jeunesse L’ennui des après-midis sans fin (éditions Les Arènes), il évoque le pouvoir de l’ennui, et ce, à tout âge : « Il s’agit de l’adaptation d’une de mes chansons. L’ennui est le moment où l’on peut entendre sa voix profonde et intérieure et se laisser envahir par son imaginaire. C’est un tempo intime, un temps improductif, sans début ni fin, indispensable à la création ». Gaël Faye vient également de sortir l’album Lundi méchant, enregistré à Paris, Londres et New York, entouré de nombreux invités tels que Christiane Taubira, Mélissa Laveaux ou Jacob Banks.
Brice Verdure
préside l’association rémoise Slam Tribu : « Devant un jury populaire, le slameur livre un texte de trois minutes sans musique, sans accompagnement, sans accessoire ni décor. C’est différent du spoken word, qui est de la poésie en musique, pour lequel Grand Corps Malade est célèbre. En atelier comme sur scène, aucune censure. L’enjeu est davantage d’assumer ses textes devant un public à même de réagir sans pour autant vous juger. »
Elodie Geas
est enseignante-chercheuse et l’une des membres du trio Drôles de drames : « Je pratique le slam depuis dix ans et, dans les ateliers que j’anime, je cherche à faire émerger la façon que chacun a de s’exprimer, sa propre ‘‘expressivité’’. J’utilise pour cela des techniques venant du théâtre. C’est également le cas au sein de notre trio de slameuses même si nous écrivons et déclamons ensemble. Le slam peut parfois s’apparenter à une forme de thérapie pour celles ou ceux qui par exemple n’ont pas d’écoute chez eux. »
Lucie Joy
l’une des plus jeunes membres de Slam Tribu, est comédienne et chanteuse : « Parce que j’adore la poésie, j’ai participé à un tournoi national de slam. J’ai débuté comme ça. Certains font des centaines de kilomètres pour participer à ces tournois. La scène slam est une communauté et un lieu de brassage social. C’est aussi un espace de transmission et de transformation collective dans lequel on se dévoile, sans pouvoir tricher. » »